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Les Histoires de Loïse B, Community Manager à Brest… la suite. Des histoires qui forgent
A mon grand étonnement, à l’arrivée dans cette ville, il n’y avait que des parcs d’attractions, des magasins de “candy” et de “fudge”, ou aires de jeux vidéos ou d’attractions en tout genre. Des magasins de souvenirs. Pas étonnant qu’il y avait du boulot dans ce type d’endroit. Il y avait des étrangers du monde entier qui y travaillaient. On voit très peu cela en France, sauf peut-être à Paris dans certains quartiers et pour certains boulots. Mais ailleurs non. Les américains sont friands de ce type de ville où tout est business et tout se visite. Cela n’aucun cachet, c’est même moche pour un européen.
J’avais trouvé un boulot de caissière dans un parc aquatique “watersplash… something”. Le gars du parc acquatique est venu me chercher à l’arrêt de bus. Il y avait un logement proposé à moindre frais avec le job. Une “maison” miteuse pour les gars et une autre un peu mieux pour les filles.
Il a déposé un gars dans la première. Une maison en bois avec de la verdure autour. Typiquement américaine.
Je me rappelle juste que c’était immonde avec plein de sacs poubelles à l’intérieur et glauque. Ils mangeaient leurs pizzas et mettaient les détritus à moitié par terre. On a déposé le gars en question et le mini bus a continué sa route. La maison des filles était un peu mieux. D’ailleurs il y avait un allemand avec sa copine dedans car il ne se voyait pas habiter dans l’autre maison. Il y avait aussi des polonaises et des américaines qui y résidaient. Tous très sympathiques m’ont tout de suite dit qu’il fallait faire gaffe dans la cuisine car c’était infesté de cafards. Il ne fallait rien laisser sur le plan de travail et tout mettre dans des tupperwares dans les placards.
Et en effet au premier petit dej, je me suis aperçue que cela grouillait de partout. Enfin bref, le lendemain je commençais à 9 ou 10h au parc d’attraction à 15 min à pied en haut de la rue. Sachant qu’au USA, il y a des endroits où on ne peut rien faire à pied. C’était le cas. Les américains ont tous une voiture et rien n’est adapté au piétons. J’y allais quand même à pied.
Au parc d’attraction, ce n’était pas hyper bien payé. Même si le logement ne coûtait pas cher. Les polonais qui logeaient avec moi m’ont alors dit qu’ils travaillaient dans un club de golf pas très loin au sein de la Ground Team du golf Club de Trapper’s Turn, l’équipe de jardinage du club. Ils commençaient à 6H et c’était bien payé. J’ai donc commencé à travailler avec eux. Je bossais de 6 à 9 H et ensuite j’enchainais avec l’autre boulot de caissière. J’ai commencé à faire le maximum d’heures, dès qu’on me demandait. Les boulots bien payé, je veux bien travailler plus, c’est clair c’est plus motivant. Il y avait les polonnais et ensuite tout une équipe de georgiens est arrivée. Une vingtaine en tout.
Tous faisaient beaucoup d’heures pour gagner le maximum d’argent. Ils étaient venus pour ça.
ils travaillaient vraiment au ralenti. Je ne voyais pas l’intérêt. Ils étaient souvent arrêté et discutait sur le parcours de golf. Les mecs piochaient et les filles discutaient dans les voiturettes. A 20 pour faire le travail de 3 ou 4. On ne communiquait pas trop car ils parlaient très mal anglais. Et on voyait le gap de culture. Ils étaient à part.
Avec les polonais et les allemands on se sentait proches. C’est marrant comme les européens se sentent proches à l’extérieur de l’Europe. Je ne me suis jamais sentie aussi proche d’un autrichien, d’une espagnole d’une polonaise et même d’un anglais qu’en dehors de l’Europe. Enfin bref, aux USA en général, ils préfèrent avoir beaucoup de monde pour faire le boulot, du moment qu’il soit fait même si la productivité individuelle est comment dire…. un peu limite. Pour nous français c’est curieux. Mais, les heures coutent plus chères aussi en France.
Le responsable de la Ground Team, un beau blondinet typique américain à un moment est venu me voir. Il m’a dit, tu parles bien anglais et au club ils recherchent une serveuse.
J’ai donc abandonné le jardinage. En gros, je changeais tous les jours le trou du green de place avec une carotte en métal et je mettais aussi de l’engrais bien vert. Je me déplaçais en voiturette. Ca c’était plutôt cool. Je bêchais à divers endroit du parcours. Je n’aurai jamais fait ce type de boulot en France. Même avec un gros piston. J’espérais être aussi bien payé en haut, au club house. Ce fut le cas avec tous les pourboires. Je ne travaillais que en salle.
Il y avait une autre fille très sympa qui s’occupait du bar avec le responsable. Il était très cool comme souvent les chefs américains. Il disait que j’étais sérieuse et était étonné qu’une française veuille faire des heures sup. Il avait sûrement une certaine image en tête. Je faisais plein d’heures. Je les notais toutes et mon compte en bank américain grossissait. J’aillais même en voiturette sur le parcours pour vendre des “snacks” et autres boissons aux golfeurs. Je plaisantais et ils me donnaient plein de pourboires. J’étais ami avec la bande qui travaillaient au club house et on faisait des sorties ensemble.
Un jour, ils sont venus dans la fameuse maison des filles. The Girl’s house. J’avais préparé un apéro. Je leur ai dit que c’était inadmissible de loger des étrangers dans ce genre d’endroits infesté de cafards. Il y avait même des nids d’abeilles ou de guêpes entre les doubles fenêtres, notamment dans la chambre où je dormais. J’avais bien essayé de changer de logement mais je ne trouvais rien d’autres. En tout cas, je progressais bien en anglais.
C’était finalement l’essentiel. J’avais aussi sympathisé avec un couple d’anglais qui avaient monté un magnifique salon de coiffure. Ils m’avaient dit que chez eux en Angleterre, ils n’auraient pas pu aussi bien réussir, que tout était beaucoup plus compliqué pour avoir une grande maison et aussi au niveau business.
Un midi au club house. On me dit qu’on allait recevoir le patron de BP avec tous ses amis.
Une dizaine, des gens importants. Il fallait bien les servir. Et voilà comment j’ai rencontré le patron de BP à Wisconsin Dells au club house. Il ne se rappelle sûrement pas de moi. Mais qu’il se rassure moi non plus. Et puis les titres ne m’impressionnent pas trop. C’est plutôt ce que les gens réalisent qui m’impressionne.
Enfin, le plus important était que j’avais amassé un petit pécule, l’équivalent de plus de 3000 euros tout en m’achetant plein de choses.
J’avais vraiment l’impression d’être riche.
Ce que je n’aurais jamais pu faire en France en un été à travailler au SMIC.